À contre-jour, R. Nédélec

  • Imprimer

Un pas de plus, et l’on frappe à la porte. Tu ne te lèves pas car c’est aujourd’hui comme à chaque fois : personne n’attend sur le seuil, et l’inconcevable présence se tient droite, à bonne distance.

Tu ne te lèves pas car tu n’es pas seul à la table et que l’autre n’a pas tremblé. Peut-être même a-t-il souri quand il t’a semblé entendre une voix et que tu t’es moqué de ta propre espérance.

En tout cas, une ombre alors a passé, à défaut d’ange.

Tu ne bouges pas plus que la pierre brutale dont sont faites les âmes. Le froid te dilate les yeux, et tu attends que s’efface l’encore palpable apparence qui s’est figée dans ta maison.

La nuit cependant tourbillonne et avance. Mais comment savoir ce qui est dehors et ce qui demeure dedans quand l’ourlet d’une robe irrite le visage – comment distinguer l’autre côté quand on ne sait ce qui sépare ?