Bertand Degott, "More à Venise" suivi de "Petit testament"

Le jeu de mots qui donne son titre au dernier recueil de Bertrand Degott (La table ronde, 108 p., 14 €) est bien sûr à prendre à la lettre et dans tous les sens : jaloux de sa mélancolie, s'enfonçant avec toujours plus de  délectation dans les reflets infinis de son chagrin d'être, le poète y poursuit son chemin d'amitiés et de poésie, se joue des formes dans /par lesquelles il convoque le monde et ses fantômes tristes et souriants. On pourrait songer à le lire à Lafforgue. Il suffit d'écouter et d'accorder son attention à cette musique légère pour que ce qui se montre s'éclaire de nouveau et avec lui le coeur :

On a parlé de solitude sous les arbres

     de solitude et d'abandon

 c'est la vie qui s'en mêle en nous ôtant ce dont

    on jouirait bien encore, c'est drôle

 

que la vie justement nous dépouille au printemps

    comme il arrive aux fleurs des saules

 il tombe on dirait de la neige, à tes épaules

    on dirait de la neige autant [...]